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L'Idiot en compagnie de Pascale Montpetit – #CERCLETP

Le 31 mars dernier, nos participants du Cercle des Tigres Penseurs ont assisté à la pièce l’Idiot présenté au TNM. Malgré plusieurs aspects très positifs, notamment le jeu des comédiens, de façon générale la pièce ne sera pas « la pièce mémorable de la saison »… pour plusieurs raisons. Voici l’ensemble des commentaires recueillis.
 
Commentaires généraux face à la pièce l’Idiot 
« Le décor trop épuré n’aidait pas pour la compréhension de l’histoire »
André Drouin
 
« Moi, habituellement, j’aime les décors minimalistes, mais dans ce cas-ci, je n’ai pas apprécié » Éric Desmarais
 
« La pièce manque d’unité et va dans trop de directions, on s’y perd. Par contre, la musique est un excellent acteur dans cette pièce. Elle est envoûtante et vient très bien appuyer et envelopper le tout »
Danièle Brouillette
 
Au sujet de la musique, tous sont unanimes à dire que la trame sonore est très réussie
 
« J’ai beaucoup aimé le jeu de Paul Ahmarani, il me fait penser à Louis de Funès »
Lucie Miville
 
« J’ai beaucoup aimé la scène de la fête avec les ballons, la musique et l’esprit festif… très étrange, mais très réussie »
Tous ont mentionné l’appréciation de cette scène précise
 
« Je crois que c’était la volonté de Catherine Vidal de déconstruire l’œuvre et de ne pas en faire une pièce trop dramatique. La relecture d’une œuvre est un choix. On aime ou on n’aime pas » Pascale Montpetit
 
« On était assis très loin, il est peut-être alors plus difficile d’embarquer dans l’histoire, on manque alors la physionomie et l’expression des visages »
Marie Bouchard
 
« Le sujet était plus grand que nature. L’envolée philosophique à la fin se voulait, selon moi, un résumé de tous les travers humains. Cependant, la fin enlève tout espoir.
Les costumes n’ont pas aidé à la compréhension. »
J’ai trouvé le jeu de Francis Ducharme, excellent!
Ginette Queneville – Retraitée
 
 
« Les acteurs sont impeccables.
Œuvre touffue et complexe. Côté décousu parce que beaucoup de matériel. Les liens entre les scènes ne sont pas toujours là. La fin ressemble à « La vie devant soi » d’Émile Ajar.
Pièce moins glauque que l’œuvre de Dostoïevski. »
Danielle Brouillette – Retraitée
 
« Normalement, j’aime les décors simples qui permettent à l’imagination de faire son travail… mais dans cette pièce, la magie n’a malheureusement pas opérée. »
Éric Desmarais – Directeur d’une compagnie d’assurance
 
« Les décors sont réduits au minimum ce qui ne contribue pas à l’appréciation de la pièce. D’autres parts, les costumes sont dépareillés et sont de différentes époques, ce qui embrouille l’histoire de la pièce. C’est-à-dire, un croisement entre la vieille Russie des tsars et le monde contemporain. »
André Drouin – retraité
 
« La musique intensifie les émotions de cette pièce. L’éclairage aussi est important sauf où tout s’éteint quand la pièce n’est pas finie! Ça porte un peu à confusion. »
Lucie Miville – agente en milieu carcéral
 
« On essaie d’alléger une panoplie d’états humains face à notre vision de soi par rapport à l’autre. L’idée est bonne, mais il y en a trop pour comprendre l’essence du message… soit-ce que chacun de nous faisons par rapport à ce que j’aspire dans mon inconscient. »
Line Ferguson – courtier en assurance commerciale
 
« Statique – verbeux… un peu long à mon goût.
Décor trop épuré. »
Marie Bouchard – retraitée
 

L'homme éléphant en compagnie de Maxim Gaudette – #CercleTP

Le 7 février dernier, nos participants du Cercle ont assisté à la pièce L’homme éléphant en compagnie de l’excellent Maxim Gaudette. La qualité exceptionnelle de l’interprétation des comédiens est l’aspect qui a le plus marqué toutes les personnes qui ont participé au Cercle des Tigres Penseurs. Tous sont épatés par l’interprétation des comédiens. Voici la totalité des commentaires.
L’interprétation
« Une interprétation colossale. » Lucie L analyste d’affaire T1
« Sylvie Drapeau est sublime et tous les acteurs réussissent même sur un fil très mince à ne pas sur jouer » Danielle B, retraitée
« J’aurais voulu que l’homme éléphant meurt dès le début, juste pour ne pas voir toute sa souffrance » Lucie M, gestionnaire de l’alimentation en milieu carcéral.
« Le texte est assez classique et linéaire; c’est vraiment l’interprétation qui fait toute la différence. Même sans le texte, j’aurais reçu toutes les émotions. Benoît McInnis est formidable » Chantal D, avocate
« … Aussi la façon de se déplacer de Benoît participe à nous atteindre avec beaucoup d’émotions » Jean François B
« Après quelques minutes de la pièce, j’avais déjà une idée générale de ce qu’allait être la fin, alors je me suis dit que je ne voulais pas trop m’attacher au personnage parce que je devinais comment il allait mourir; mais l’interprétation des comédiens est tellement incroyable que cela m’a fait embarquer dans la pièce, je me suis attachée à tous les personnages et cela m’a beaucoup émue. » Olivia B, étudiante au collégial
« Derrière un handicap physique monstrueux, on voit un homme sensible, intelligent et pour son malheur, imaginatif, comme le dit le docteur dans la pièce. Sensible, intelligent et imaginatif… pour son malheur, cela traduit très bien l’ensemble de la pièce. Ce n’est pas juste dit, l’acteur le vit dans son jeu remarquable. » » Michel V, médecin de santé publique
« L’interprétation de Benoit McInnis avec sa voix qui râle, c’est quelque chose de très impressionnant et toute sa déformation corporelle tout au long de la pièce c’est magistral. Il doit avoir besoin d’un physio après et d’un massage. » Chantal St-A
« Le prêtre, je le crois sincère. Il est croyant, il a vraiment une volonté que les gens soient heureux comme lui. » Chantal D, avocate
« Quand le médecin pleure à la fin, c’est très troublant. » Maxim Gaudette, comédien
Le texte
« Cette pièce c’est l’exploitation sous toutes ses formes. Mais lui, ne participant pas à la société, il l’observe. » Lucie L analyste d’affaire T1
« Être aussi lucide sur le monde comme Merrick, c’est fort. » Maxim Gaudette, comédien
« J’étais surprise que la première femme qui accepte Merrick, soit une actrice. J’étais dégoutée de voir à quel point certains profitent des autres. » Emma D, étudiante au collégial.
« Toutes les classes venaient le voir comme quelqu’un de pas intelligent, comme un pauvre miséreux, ils oublient qu’il s’agit d’un être sensible et très intelligent. » Michel V, médecin de santé publique
« Je voyais l’homme éléphant comme un miroir de notre société, où tout le monde a son agenda. C’est aussi tout le drame humain de la santé, des maladies orphelines et de la science qui n’a pas de solution. » Larry K, entrepreneur, gouvernance
« Les gens de la haute société viennent pour leur prestige personnel. Il est dans une prison dorée » Lucie M, gestionnaire de l’alimentation en milieu carcéral.
« … Mais c’est mieux que tout ce qu’il a connu depuis l’enfance. » Maxim Gaudette, comédien
« Il est en relation, il peut communiquer. Il y a différentes façons de communiquer. Pour lui c’est hyper important d’entrer en relation avec les autres. La vraie prison c’est la solitude. » Chantal D, avocate.
« La vraie relation, c’est avec l’actrice, à partir du moment où elle fait de la broderie en sa présence. » Danielle B retraitée
« Toute son appropriation des personnes qui le visitent et qu’il considère ses amis, ce qui lui fait dire — je suis un homme normal —, et qui l’amène à honorer ces gens là, ceux qui lui portent une attention, font en sorte qu’il finit par se créer un monde intérieur » Chantal St-A
« D’ailleurs, il le dit : ce sont ses amis et ça ne se monnaye pas une relation d’amitié » Michel V, médecin de santé publique
« Le désir de se conformer aux règles à l’ère victorienne, on peut constater que ce n’est pas vraiment mieux présentement. Mais cela prend un peu d’équilibre avec des règles si on veut aller quelque part » Danielle B, retraitée.
« On le voit le besoin de quelques règles quand on observe les réseaux sociaux où il y a beaucoup de condamnations. Même les jeunes ont des règles, avec leurs souliers de la même marque, tous semblables » Jean-François B
« Mais dans le cas des jeunes, c’est aussi le besoin de se construire une identité » Chantal D, avocate
« Les règles auxquelles il faut se conformer ne s’expriment plus de la même façon; avant c’était enrobé par la religion, maintenant cela prend des formes plus subtiles » Chantal St-A.
« Toute cette idée des bonnes règles pour ton bien en 1880, on peut retrouver cela encore maintenant sous d’autres formes. C’est encore hyper présent et si tu en déroges, tu le sens, on te le fait savoir. Il y a encore beaucoup de conformisme » Chantal D, avocate
« La politique de droite, c’est confortable ». » Danielle B, retraitée.
« L’homme éléphant, c’est l’élément perturbateur. Il n’appartient à aucune règle. Les gens devant lui sont confrontés à eux-mêmes. » Maxim Gaudette, comédien
« Il dit souvent des vérités que l’on ne veut pas entendre » Jean-François B
« Dans le texte, au moment de la fin, dans ce qu’explique le docteur, il y a quelque chose à tirer par rapport à ce qu’on vit présentement » Maxim Gaudette, comédien
« Que le directeur refuse à la fin d’ajouter les dernières phrases du docteur, tout revient encore dans les règles » Jean-François B
« Le texte, c’est comme la dissection des classes sociales qu’on a beaucoup en Angleterre. Que ce soit dans le Cirque ou la haute société. Le texte rappelle qu’on nivelle par le bas toute la société. » Larry K, entrepreneur, gouvernance
« Le texte traduit le trouble de la plupart des personnages. » Chantal D, avocate
« Chacun amène ses propres bibittes face à l’étrangeté » Larry K, entrepreneur, gouvernance
« Il y a une scène qui m’a beaucoup choquée, c’est quand le docteur renvoie l’actrice. Il peux-tu le laisser vivre! » Chantal D, avocate
Mise en scène, scénographie…
« Il y a des scènes très fortes comme celle du gant. Toute la gestuelle est très pleine de sens. Sylvie Drapeau la joue tellement bien que l’on se demande si elle va reculer ou si elle va lui donner la main. On reste suspendus un peu dans le temps, il y a des secondes où on ne sait pas ce qu’elle va faire ». C’est très bien mis en scène et très bien interprété » Lucie M, agente en milieu carcéral
« Moi, je suis restée dubitative face à ce personnage de l’actrice. Je me demandais, tout au long, si elle jouait un rôle face à lui, jusqu‘à la scène où elle se déshabille. » Chantal D, avocate
« … ce sont des scènes très fortes ces deux moments-là. D’ailleurs, à la scène du gant elle refuse la première main qu’il lui offre » Maxim Gaudette, comédien
« C’est très beau ce geste du personnage joué par Sylvie Drapeau. C’est rassurant sur l’espèce humaine que l’on puisse se rapprocher même si tout te repousse. » Danielle B, retraitée.
« Il y a des scènes qui me rappelaient La Belle et la Bête avec le déchirement de l’homme assoiffé d’amour sous son enveloppe rébarbative » Jean-François B
« C’est intéressant l’interprétation où on n’a pas simulé toutes les déformations avec des prothèses » Larry K, entrepreneur, gouvernance
« … C’est même plus dur, parce qu’on l’imagine avec des prothèses. Si elles avaient été là, nous aurions été intéressés par le procédé technique. Là, avec cette très belle interprétation, très physique on est plus touché. » Jean-François
« Le début, j’ai beaucoup aimé que l’on voie le personnage se transformer » Maxim Gaudette, comédien
« … C’est d’ailleurs l’image de Léonard de Vincy avec l’homme au triangle d’or, je crois. » Danielle B, retraitée
« L’horloge immense, au début, je ne comprenais pas pourquoi les aiguilles tournaient à l’envers et c’est ma sœur qui m’a expliqué qu’il est à l’intérieur donc il les voit à l’envers » Olivia D, étudiante au collégial

Dans la solitude des champs de coton – #CERCLETP

Le 27 janvier dernier à 16h00, les participants du Cercle des Tigres Penseurs assistaient au spectacle Dans la solitude des champs de coton à l’Usine C. Voici les commentaires et interventions de nos participants suite à la percutante proposition de Brigitte Haentjens.
 
Le texte et la mise en scène
« Cela vise le cœur et l’esprit. Cela m’a mis dans un état particulier, je ne pouvais ni être endormi ni être réveillé. Le texte passait quand même et cela dès l’entrée en salle avec la trame sonore, les battements de cœur, ça devient notre propre battement. Tout cela m’a mis dans un état et un niveau de conscience pas habituels, quasi hypnotiques »
Garwood J-G, courtier immobilier
« Le texte est frappant, il y a énormément de figures de style, d’euphémismes, qui veulent dire beaucoup. C’est un constant combat — push and pull —, une mise en scène façon – ring de boxe. C’est un commentaire sur le rôle des hommes et la façon dont ils sont censés se comporter »
Inès I. étudiante
« Cette pièce nous incite à nous ouvrir au mystère. Elle est pleine de métaphores. Si tu décroches ou t’endors une seconde, tu perds beaucoup de texte. La peur de l’inconnu, de l’autre, de l’étranger, même si l’autre s’offre paumes ouvertes. Les contrastes sont frappants, froideur\chaleur; désir\possession; acheteur\vendeur… ça m’a fait penser à Camus. »
Roberta W, agente de programmation et de recherche en santé publique.
« Pourtant on a besoin de l’autre. Tout au long de la pièce, ils restent à se pousser. On a besoin de faire confiance. Même le personnage qui dit n’avoir besoin de rien a besoin de quelque chose. »
Inès I, étudiante
« Toute la confrontation vient d’idées préconçues et du désir d’obtenir quelque chose qui n’appartient qu’à l’autre, sans y aller directement. »
Lucie M, agente en milieu carcéral
« C’est comme une danse métaphorique des rapports quotidiens entre les humains. »
Roberta W, agente de programmation et de recherche en santé publique.
« Texte très dense sur le commerce [l’échange] ou la mort. Dans la vie, nous sommes constamment en position d’échange. Ça ne marche pas toujours. Ils ont peur de leur vulnérabilité. Si tu n’arrives pas à établir des liens dans ce type d’affrontement, la violence est inévitable d’après la vision de l’auteur »
Danielle B, retraitée.
« On sent la peur de se dévoiler. Ça montre comment l’homme a peur de l’homme et qu’on est souvent en train de négocier plutôt que de s’abandonner et faire confiance. »
Garwood J-G, courtier immobilier
« Je viens du Rwanda, combien de fois des gens viennent vous apporter des choses dont vous n’avez pas vraiment besoin. Cette pièce parle du rapport nord – sud, l’apport nord-sud. Pourquoi on ne demande pas aux pays du sud ce dont ils ont besoin? C’est aussi sur le partage, soit donner et recevoir. Tu penses souvent que tu donnes, mais en vérité tu reçois plus que tu donnes, même si tu es bénévole. Ça touche les valeurs et les relations humaines. Il n’y a ni amour, ni entraide, ni écoute; pourtant, c’est nécessaire sans cela c’est le déni et le crash. »
Jeanne N, intervenante sociale.
« D’ailleurs, ça commence par un combat et cela finit par un combat. J’aurais aimé que cela finisse autrement, mais s’ils s’étaient quittés, chacun s’en allant de son côté, j’aurais trouvé cela encore plus triste parce qu’il n’y avait plus d’espoir. »
Garwood J-G, courtier immobilier
« Mais vaut mieux l’affrontement que rien du tout »
Inès I, étudiante
 
La scénographie et la bande sonore
« S’il y avait eu un décor, cela aurait dérangé notre attention. J’ai même parfois fermé les yeux pour rester attentive au texte. »
Lucie M, agente en milieu carcéral
« La lumière, l’effet du corridor, le no mans land, c’est comme une matrice. Le choc de la fin, c’est comme l’accouchement »
Danielle B, retraitée.
« La lumière crée l’effet de crépuscule, accentue la solitude, rend tout plus obscur. C’est le doute qui s’installe. Le vendeur doute, l’acheteur doute. On espère qu’il y aura compromis, mais il n’y en aura pas »
Jeanne N, intervenante sociale.
« J’ai immédiatement pensé à un ring »
Inès I, étudiante
« C’est comme un espace de jeu, une ligne droite où la violence est sans issue. Ce n’est pas une vision pessimiste que je partage. »
Jeanne N, intervenante sociale.
«Moi, je les imaginais dans une ruelle, une bataille de chats de ruelle. Parfois, je voyais deux scarabées s’affronter dans le désert. »
Lucie M, agente en milieu carcéral
 
L’interprétation
«Texte et interprétations irréprochables» Tous
«Écoutant un texte exigeant comme celui-là, on ne resterait pas sans des acteurs dont le jeu est fantastique»
Danielle B, retraitée.
«L’interprétation est très physique, demande beaucoup d’énergie aux interprètes. On ressentait leur tension tout au long de la pièce. »
Garwood J-G, courtier immobilier
«Ils sont aussi puissants l’un que l’autre»
Lucie M, agente en milieu carcéral
«Pendant tout l’affrontement, le rythme, le ton se maintiennent… Les deux acteurs sont fantastiques. »
Roberta W, agente de programmation et de recherche en santé publique.
«J’avais l’impression qu’ils avaient dans leur personnage autant de pouvoir l’un que l’autre»
Lucie M, agente en milieu carcéral
«Pour moi, le vendeur a plus de pouvoir. »
Inès I, étudiante
«Je crois que dans la vie aussi, il y a toujours un dominateur. J’aimerais bien croire que c’est égal, mais…»
Roberta W, agente de programmation et de recherche en santé publique.
«Ils sont d’autant plus extraordinaires comme acteurs, que pas une seule personne ne vient s’immiscer entre les deux. Au début, c’est assez rationnel comme échange, puis plus ça va plus je me demandais pourquoi s’affronter et se battre. Pourquoi ne pas simplement partir.»
Inès I, étudiante
«… parce que le besoin d’échange est là. D’ailleurs, ce qui nous distingue des animaux, c’est la capacité d’entraide. »
Danielle B, retraitée.
«Ils sont incroyables. On est projeté dans une expérience complexe qui émane des deux. J’y ai reconnu parfois l’accent du sud de la France. Peut-être parce que j’y ai vécu? Je me suis demandé si l’accent français utilisé était là pour donner plus de crédibilité qu’en québécois.»
Inès I, étudiante
«Moi, ça me dérange toujours cet accent français, ça m’éloigne émotivement. J’ai toujours le sentiment que l’on veut me faire la leçon. Et ça me demande beaucoup d’effort pour suivre.»
Lucie M, agente en milieu carcéral
«Moi aussi, ça me fait décrocher et j’ai beaucoup de difficulté avec ça. Je crois que c’est une directive de la metteure en scène parce que ces deux acteurs ne parlent pas comme cela dans la vie. D’autant plus qu’ils sauraient rendre le texte très bien avec leur diction et leur articulation parfaites. On a entendu beaucoup d’acteurs, dont Robert Lalonde par exemple, qui savent dire des textes aussi exigeants et poétiques sans emprunter un français qui n’existe nulle part. »
Danielle B, retraitée.

Enfant Insignifiant ! – En compagnie de Denis Bernard #CercleTP

Le 16 décembre dernier à 16h00, les participants du Cercle des Tigres Penseurs assistaient au spectacle Enfant Insignifiant! au Théâtre DUCEPPE. Accompagnés du pertinent Denis Bernard, voici les commentaires et interventions de nos participants suite à la pièce de Michel Tremblay.
 
Le sujet, le texte, le sens.
« L’influence de la mère dans cette pièce de Tremblay est abordée avec une certaine tendresse moins courante dans son œuvre en général »
Hébert, avocate
 
« Une chance qu’elle ne lui dit pas de ne pas écrire, car – et c’est l’auteur qui le dit — il n’aurait jamais écrit »
Miville, sécurité en milieu carcéral
 
« Je viens d’une famille multi générationnelle comme dans la pièce, et lorsque j’ai été accepté au Conservatoire de théâtre, ça été une onde de choc dans toute la famille. Ma grand-mère a même arrêté de me parler. Mais même s’ils bougonnent tous, finalement, ils s’intéressent à toi pour plus tard te supporter grandement. »
Denis Bernard, comédien et metteur en scène
 
« C’est clair qu’il y a nécessité pour un artiste d’avoir un ou des anges sur sa route »
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
« Je crois aussi au besoin d’un témoin secourable »
Garwood J-G, courtier immobilier
 
« La complicité avec la mère, mais aussi la mauvaise foi sont très présentes dans cette pièce »
Denis Bernard, comédien et metteur en scène
 
« C’est le droit d’exister, le droit d’être soi que le petit Michel a toujours revendiqué. »
Garwood J-G, courtier immobilier
 
« Cela touche à une dimension profonde de l’être humain : celle d’être qui on est entièrement, totalement. »
Grégoire, chorégraphe, danseuse
 
« On ne peut pas oublier le rapport avec sa grand-mère plus intellectuelle que les autres »
Castro Lopes, cinéaste
 
« Le regard de Michel semble s’être attendri, celui sur ses personnages, plus que dans ses autres pièces. »
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
« Effectivement, dans ses autres écrits, il vargeait et n’était pas doux avec ses personnages.
J’imagine d’ailleurs le courage que ça dû prendre d’écrire sa première pièce, car il était très jeune à ce moment-là. »
Denis Bernard, comédien et metteur en scène
 
« Est-ce qu’avec les années les choses apparaissent différemment et sont plus vraies, ou si c’était avant, pendant qu’on subissait des blessures, qu’on était en colère, qu’elles étaient plus vraies? »« Y a-t-il dans la vie une période plus réelle, plus vraie, où c’est juste parce qu’on est rendu ailleurs? »
Garwood J-G, courtier immobilier
 
« Michel m’a toujours dit qu’il n’aurait pas pu publier, si sa mère n’était pas morte. Ce que je comprends, car ça m’a presque pris 40 ans avant que j’écrive le livre sur ma mère “C’est le cœur qui meurt en dernier” .»
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
«On rit pendant la pièce, mais il demeure qu’on sent une solitude profonde, un univers où il est difficile de se faire comprendre.»
Castro Lopes, cinéaste
 
«Mais je n’ai pas senti de tristesse dans cette solitude.»
Garwood J-G, courtier immobilier
 
«C’est certain qu’il était à part des autres s’il lisait du Jules Vernes à cette époque. Le côté agaçant des poseurs de questions est universel et intemporel.»
Brouillette, retraitée
 
«La pensée évolue au cours de la pièce. Au début, pour les personnages, il ne faut pas se poser de questions et après, on commence à s’en poser ou du moins à ne pas croire tout ce qui nous est imposé.»
Hébert, avocate
 
«L’arrangement avec sa conscience ça existe encore, les gens face à la religion s’arrangeaient en dessous. On le fait encore dans nos vies, à d’autres niveaux.»
Brouillette, retraitée
 
«Cela nous ramène à tout le conflit personnel que créait l’emprise de la religion autrefois.»
White, parajuriste-gestion du savoir
 
«Ça ressemble à l’évolution du Québec, ces 3 âges de l’enfant : 3ans, 6 ans et 13 ans.»
Denis Bernard, comédien et metteur en scène
 
«On sent le conflit entre : crois sans rien questionner et fais semblant de croire sans le dire, et puis même la mère finit par ne plus faire semblant de croire.»
White, parajuriste-gestion du savoir
 
«Ça m’a frappée le genre de questions posées par l’enfant insignifiant au sujet de la religion. Je me suis surement déjà questionnée sur ces choses moi aussi.»
M D Mertis, infirmière
 
«Toutes les contradictions entre la vie et la religion, il n’y a pas un moment où jeune, on ne se posait pas ces questions.»
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
«J’ai bien aimé la remise en question de l’histoire de la naissance de Jésus.»
Miville, sécurité en milieu carcéral
 
«Quand la mère fait allusion au fait qu’à l’écoute de la radio elle s’imaginait tout en couleur, comme quand elle lisait un livre et à toute sa déception lorsqu’elle a retrouvé certains personnages et acteurs à la télévision en noir et blanc. Ça touche à l’importance de la qualité d’évocation des voix à la radio.»
White, parajuriste-gestion du savoir
 
«C’est encore le cas, si on écoute la radio plutôt que la télévision, ce qui est mon cas. Notre imaginaire est beaucoup plus stimulé et libre.»
Grégoire, chorégraphe, danseuse
 
«La bienveillance du père, je ne l’avais jamais vue dans les autres pièces de Tremblay.»
Hébert, avocate
 
«Je me suis demandé pourquoi le père reprend le garage – cadeau de Noël à Michel — comment on doit interpréter son geste. Signifie-t-il qu’il acceptait enfin son fils?»
Garwood J-G, courtier immobilier
 
«Pour moi le père est déçu.»
Miville, sécurité en milieu carcéral
 
«Moi, je crois qu’il est déçu, mais qu’il accepte la situation — cette petite caresse sur sa tête.»
Denis Bernard, comédien et metteur en scène
 
«Je suis portugais, et pour moi cette pièce se résumerait par saudade c’est à dire : nostalgie»«Je ne connais pas les autres pièces de Tremblay, mais j’ai été frappé par le débit de la confrontation qui existe à plusieurs niveaux : entre chacun des personnages, avec l’époque…»
Castro Lopes, cinéaste
 
Les personnages
«On voit toujours les mêmes personnages dans ses livres et ses pièces, c’est assez répétitif. Il a le droit d’écrire ce qu’il veut, mais comme lectrice ou spectatrice, des fois, c’est lassant. C’est une éternelle quête.»
Hébert, avocate
 
«Il y a un phénomène qui semble incontournable : on a encore besoin d’être approuvé par la famille. On voudrait qu’ils comprennent. À l’âge où j’arrive maintenant, j’ai compris que cela ne sert à rien de comprendre.»
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
« Parmi les 12 personnages les plus importants de Tremblay, il y a au moins 4 qui habitaient ensemble et il n’y a jamais 3 personnes dans la pièce qui se retrouvent ensemble. Il n’y a aucune proximité entre eux. À peine 2 fois ils se touchent.»
Castro Lopes, cinéaste
 
«C’est une gang de tout seuls ensembles.»
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
Le jeu et la direction des acteurs
«Les comédiens sont bien solides. Henri Chassé n’a pas infantilisé l’enfant. Il faut savoir que Henri est un poète dans la vie. Il reste avec ce regard. Il est parfait. Évidemment, Guylaine, c’est un rôle taillé pour elle. Elle est toujours aussi fantastique. La direction d’acteur de Michel Poirier est très bonne.»
Denis Bernard, comédien et metteur en scène
 
«Henri Chassé interprète très bien un enfant. Il ne surjoue pas et cela m’a beaucoup plu.
Hébert, avocate
 
«J’ai cru vraiment à l’enfant, sans stéréotype.»
Garwood J-G, courtier immobilier
 
«Moi, j’étais dérangé par l’axe des regards de Michel. La mère par exemple ou la religieuse sont sur le même plan. Il aurait fallu un plateau avec des niveaux.»
Castro Lopes, cinéaste
 
«J’ai trouvé la religieuse moins crédible. Je ne suis pas certaine qu’elle va évoquer auprès du professeur sa trop grande sévérité .»
White, parajuriste-gestion du savoir
 
«Elle n’est pas assez méchante, pour être vraie. Surtout pour l’époque.»
Miville, sécurité en milieu carcéral
 
Le décor, la lumière…
« Si on ne sait pas que Michel Tremblay vit à Key West, on se demande pourquoi ce décor — là.»
Hébert, avocate
 
«Pour moi, la mer, en image de fond, c’est la naissance de la vie.»
Brouillette, retraitée
 
«Cela permet d’ouvrir l’horizon et de souligner la présence des autres personnages sur le quai. C’est une habile mise en scène.»
White, parajuriste-gestion du savoir
 
«Comme tous les personnages sont morts, les chaises sur le quai me rappellent l’infini retour des choses, où les personnages demeurent à la fois là et pas là.»
Robert Lalonde, comédien et auteur
 
« Le décor, particulièrement la mer, finalement nous distrait plus qu’il n’apporte quelque chose. Même la lumière n’est pas du tout évocatrice. Certains ont vu des pages de manuscrit dans les dunes, de chaque côté de la scène, d’autres que l’effet carton. C’est pas intéressant. » Presque tous d’accord.
Castro Lopes, cinéaste

Sous la nuit solitaire – En compagnie de Linda Sorgini #CercleTP

Le 19 novembre dernier à 19h00, les participants du Cercle des Tigres Penseurs assistaient au spectacle de Sous la nuit solitaire, une mise en scène d’Olivier Keimed et Estelle Clareton. Accompagnés par la généreuse Linda Sorigni, voici les commentaires et interventions de nos participants suite à cette plongée dans les enfers modernes.
 
« C’est un voyage plus spirituel que physique, dans un espace onirique, un monde imaginaire, où l’on se retrouve au-delà du quotidien. »
Paulo C-L, cinéaste
 
« Je fais partie des gens ordinaires qui ne connaissent pas Dante mais à chaque fois que je viens au Cercle, ça m’amène à faire des recherches après sur internet et c’est vraiment intéressant. C’est un spectacle assez violent : enfer, viol, meurtre… Je n’avais jamais assisté à un spectacle de danse. J’ai tout compris. Là, les corps ne sont plus des corps, ce sont des instruments pour nous faire vivre les émotions sorties tout droit de l’enfer. La personne qui a écrit ça a surement vécu un grand malheur. »
Lucie M, gardienne de prison
 
« J’ai été touché par des émotions pures. »
Paulo C-L, cinéaste
 
« C’est une vision de l’enfer. Chacun le sien. Nous étions dans un cocon hallucinatoire. Un jardin des ombres, peuplé des terreurs que l’on perçoit chez soi-même, à la hauteur de ses démons. »
Danielle B, retraitée.
 
« Ces textes-là, exigent qu’on les relise 2-3 fois »
Paulo C-L, cinéaste
 
« Le texte reste juste assez longtemps projeté, mais on a effectivement besoin de le lire plus d’une fois »
Linda Sorgini, comédienne
 
« À l’époque, l’écriture était plus baroque, d’ailleurs on ne peut pas lire Dante d’un seul coup. On ne saisit pas tout, la première fois. C’est une nouvelle traduction qui essaie de coller à notre époque. Même en italien, c’est comme ça, ça nous laisse dans une certaine perplexité. »
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
« Dante lançait des messages contre l’église, le pouvoir… et il fallait être moins direct, utiliser l’allégorie, si on ne voulait pas avoir droit au bucher ou à la tête coupée. »
Danielle B, retraitée
 
« Le texte est bâti comme un puzzle, on se demande si le morceau va là où ailleurs. »
Linda Sorgini, comédienne
 
« Le texte n’a pas besoin d’une résonnance directe avec la chorégraphie. L’impossibilité de s’en sortir seul. Il y a un impact physique à recevoir ce spectacle. Tout au long de la pièce, je repassais tout ce que j’ai entendu aujourd’hui à la radio, les dénonciations, la violence… Olivier et Estelle nous disent que si ça ne commence pas par nous, on n’y arrivera pas. Il faut constater et admettre qu’il y a peut-être autre chose à faire que de laisser jaillir son intolérance. »
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
« J’ai aimé le spectacle parce c’est une autre proposition que ce que j’avais vu de la Divine comédie de Dante : les torsions du corps, les sacs à poubelle… C’est l’enfer tibétain où tu es prisonnier de toi-même. J’aimerais revoir le spectacle. »
Danielle B, retraitée
 
« Nous sommes à la fois bourreaux des autres et victimes de nos peurs. »
Linda Sorgini, comédienne
 
« J’ai ressenti une profonde douleur au plexus en regardant le spectacle. Toutes ces âmes noyées. Ça a ramené des souvenirs de remise en question : où je m’en vais, qui suis-je? Ça m’a ramenée à la profonde douleur de la dépression déjà vécue avec des phrases où l’on parle de désir sans espoir. Le corps qui ne suit plus l’âme. J’avais choisi ce spectacle pour le thème et pour l’auteur. J’aime le théâtre qui fait réfléchir. J’aime être surprise, pas seulement être divertie, même si c’est pas toujours agréable. J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé. »
Raymonde L. artiste peintre
 
« Ce qui est très impressionnant, c’est que ça parle de la douleur pas forcément liée à la culpabilité. Et ça, ça, c’est rare et ça fait beaucoup de bien. Surtout aujourd’hui avec toutes les dénonciations où finalement on finit par admirer la victime parce qu’elle est forte. Il y a là quelque chose de pervers. Si tu as réussi à dire non, t’es moins intéressante. Si tu n’as pas réussi, t’es faible; au point que tu te sens coupable de ne pas être du <moi aussi>. Un viol, c’est un viol. Aujourd’hui on se sent coupable de souffrir, d’avoir été ou d’être faible, d’avoir été victime. Sous la nuit solitaire, à un côté sombre mais aussi libérateur. »
Nadine F. réalisatrice et scripte
 
« Moi, j’ai résisté à la douleur que cela pouvait raviver, mais finalement tu pouvais rester observatrice, la pièce permet ça  et ça devient finalement thérapeutique .J’ai beaucoup aimé. »
Ayana O, artiste
 
L’apport de la mixité des arts.
 « J’aime sortir des sentiers battus. Je vais souvent voir de la danse. Cela m’émerveille cet aspect d’une forme de liberté de l’expression des corps tout en sachant tout le travail exigé pour une telle précision, surtout dans la danse moderne. Je me demande toujours : où vont-ils chercher tout ça? »
Linda Sorgini, comédienne
 
« Surtout que la danse demeure une carrière très difficile et très courte en général »
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
« … Quand on voit Louise Lecavalier danser, c’est un exploit. Je crois qu’elle a plus de 50 ans, c’est fantastique! »
Linda Sorgini, comédienne
 
« Il y a de plus en plus d’exemples de gens qui dansent encore bien après 35ans. Lucie Grégoire en est un exemple. »
Paulo C-L, cinéaste
 
« … J’ai vu Margie Gillis quand j’avais 16 ans et ça été fabuleux, ça m’a beaucoup marqué. Toute cette énergie, ce talent d’une femme pas si jeune et qui danse toujours »
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
« Comme comédienne, c’est formidable de se nourrir des autres formes d’art. Ça peut être un tableau, une exposition… »
Linda Sorgini, comédienne
 
Les interprètes
 « Ils sont tous très, très bons, ils sont tous égaux. » Avis général
 
« J’ai aimé qu’ils soient plus que des danseurs, qu’ils interprètent aussi. »
Ayana O. artiste
 
« J’ai particulièrement aimé Éric Robidoux, sa façon d’interpréter tout, de mourir, d’étouffer, de bouger; il est une coche au-dessus par une émotion tellement intense! »
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
« C’est de la vraie douleur, directe et crue, au théâtre ou au cinéma et à la télé, c’est souvent pornographique tandis qu’ici, ils ont réussi à rendre tout vrai, sans artifice. »
Ayana O, artiste
 
« C’est d’autant plus réussi que la douleur est tabou, de nos jours. »
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
« C’est impressionnant toute cette fluidité dans la performance, tous ces mouvements de bras, de jambes dans une parfaite synchronisation. J’ai été très impressionnée, car ce n’est pas narcissique, c’est vraiment le comédien danseur au service de l’émotion brute. »
Nadine F. scripte et réalisatrice
 
« Je n’avais rien lu avant d’assister au spectacle, je ne savais même pas que des comédiens danseraient. J’ai été vraiment impressionnée par leurs talents de danseurs et d’interprètes à tous. Leurs expressions faciales, leur façon d’incarner la douleur : remarquable! »
Ayanao O. artiste
 
« On sent tout le temps que le corps est fort et que l’âme est faible. »
Nadine F, scripte et réalisatrice
 
« La technique de jeu physique est un rendez-vous vraiment réussi. C’est pas exagéré et pas comme il arrive souvent, c’est-à-dire qu’on se soucie plus de l’esthétique que du message. »
Danielle B. retraitée
 
« Je suis médusé par la mémoire de ces interprètes qui n’ont pas de repère. Toute la fluidité des corps, la force du corps qui veut revivre. Et chacun a un personnage, c’est vraiment très réussi »
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
Mise en scène
« La part d’ombre en chacun de nous, le désespoir c’est difficile à mettre en scène. C’est très réussi. C’est la beauté dans la laideur. »
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
« Même avec les sacs à poubelle, c’est pas dégoûtant à regarder. Ça fait plus appel à la conscience chez chacun de nous, c’est ça qui nous fait réagir. Ça m’a fait penser à la phrase : vous êtes pas tannés de mourir bande de caves!, de Claude Péloquin »
Danielle B. retraitée
 
« C’est vraiment la psychologie du comportement humain, pousse, tire, vice versa. Je t’aime, je t’haïs. L’enfer, c’est les autres. Pourquoi nous ne sommes pas plus avancés? On fait un pas en avant et il y a quelqu’un qui nous fait faire aussitôt un pas en arrière. »
Linda Sorgini, comédienne
 
« Ils arrivent à nous faire comprendre que le corps a du ressort même quand la douleur semble trop forte »
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
« Il y a des moments très impressionnants, entre autres ceux où les couples finissent par devenir des vampires. »
Ayana O. artiste
 
« Il y a des moments bourreau-victime que tu trouves interminables mais c’est comme dans la vie, la femme battue qui revient vers son bourreau… »
Linda Sorgini, comédienne
 
« Ça touche, comme c’est évoqué dans le texte, le désir de souffrir.
Nadine F. scripte et réalisatrice
 
«Il y a aussi ce que l’on voit des corps. Juste deux filles qui ont les bras dénudés, les autres ont les épaules couvertes. Et c’est intéressant de voir le dévoilement des corps, tout au long de la pièce.»
Paulo C-L. cinéaste
 
La lumière
 «J’ai aimé qu’il n’y ait pas une multitude de couleurs, pas non plus de nombreux effets de lumière. L’éclairage sur le mur arrière crée un effet contraire à tout l’aspect noir de la chorégraphie. Tu as le goût de dire tout du long : mais retourne-toi, la lumière est juste là!
C’est un éclairagiste de grand talent.»
Robert Lalonde, acteur et écrivain
 
«Les changements de densité de lumière sont faits tout en douceur, ce qui contribue à la fluidité de l’ensemble.»
Raymonde L. artiste peintre
 
«Grâce à la lumière, ils réussissent à éviter la peur : c’est plutôt la douleur pure que l’on ressent.»
Nadine F. scripte et réalisatrice
 
«Ils évitent aussi le côté horreur, zombie que l’on voit beaucoup au cinéma et. à la télé»
Danielle B. retraitée
 
«Sans cette lumière, on n’aurait pas pu endurer ça. Elle permet d’apprivoiser ce côté <dark>. Sans cela je me serais fermée.»
Nadine F. scripte et réalisatrice
 
«J’ai beaucoup aimé l’ouverture grâce à la lumière. Elle compose un trajet qu’on doit faire pour sortir du noir. »
Paulo C-L, cinéaste
 
«Dès la première image, j’avais l’impression qu’ils étaient tous plus grands que nature. Plus grands que moi d’une taille et demie. Les ombres aussi. »
Nadine F. réalisatrice et scripte
 
«J’aurais aimé que le flou du début sur tous ces corps sur le mur reste plus longtemps. C ‘est
une des images qui me reste le plus en mémoire. »
Linda Sorgini, comédienne
 
« Je connais cet éclairagiste parce qu’il a éclairé ma conjointe chorégraphe a plusieurs reprises. Je m’attendais à un éclairage plus impressionniste. J’étais aussi biaisé par les gravures que je connais sur la divine comédie. J’ai apprécié tous ces corps éclairés en clair- obscur»
Paulo C-L, cinéaste
 
La trame sonore
« En général, j’ai aimé la trame sonore, même si parfois j’avais aimé des moments de silence pour rester juste avec les corps. Il y a des moments surprenants, lorsque la voix humaine émerge, c’est vraiment impressionnant.»
Paulo C-L, cinéaste
 
« Moi, au contraire, je pense qu’il ne fallait pas de silence. La trame sonore fait partie de l’ensemble parfaitement. Le côté incessant fait partie du tout.» Tous d’accord.
Raymonde L. artiste peintre
 

TABLE RASE – En compagnie de David Savard #CercleTP

Le samedi 21 octobre dernier en après-midi, David Savard accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre Espace Libre, pour assister à la pièce Table Rase mit en scène par Brigittte Poupart. Le texte évocateur et féminin qui parle de la génération Y, a eu un impact très fort chez nos participants.
Voici une synthèse des commentaires et interventions de nos participants.
 
Le sujet, le texte, le sens et la mise en scène.
 «J’ai adoré. Je me reconnais dans la solidarité, la tendresse, et nos interrogations. Le texte est générationnel, mais le reste appartient au monde des femmes. Même l’adieu à l’amie est plein de tendresse et de solidarité même si elles ont peur et sont tristes.»
Danielle M, retraitée
 
«Les personnages semblent être libres tout en étant coincés intérieurement, subissant une douleur de vivre et la peur d’être heureux»
Garwood J-G, courtier immobilier.
 
«Une pièce sautée raide, drôlement glauque et crissement humaine. Un party en zone de guerre et pourtant étrangement tendre.»
Camille R, relationniste
 
«La liberté créative, sexuelle et sensuelle. Les doubles sens  et les ambiguïtés du texte. La libération des tabous chez des plus jeunes femmes que moi. Tout ça résonne très positivement chez moi. C’est rafraîchissant »
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
«La mise en scène, c’est celle d’une tragédie classique : avec la mort d’un membre de la communauté permettant que revivent les autres. C’est très québécois et universel, on décrit la communauté dans les moindres détails psychologiques pour qu’elle puisse revivre peut-être comme nation. Même le panache de chevreuil, qu’on le retrouve dans le cinéma dont La bête lumineuse de Perreault ou dans les films de Robert Morin.
Étienne B, écrivain
 
“J’ai été pris par la théâtralité et le sens de cette Table rase, particulièrement lorsqu’on fait  le lit pour la mort.”
David Savard, comédien
 
«Un seul lieu, un seul temps, c’est le cœur même du théâtre. J’ai beaucoup aimé l’effet rythmique des répliques. Ça rebondit. Sauf le moment où on enlève les bouteilles et certaines sorties des personnages, tout est fluide.»
Étienne B, écrivain
 
«J’avais l’impression de retrouver l’effet Woody Allen, où tous se parlent en même temps»
Nadien F, réalisatrice et scripte
 
«…Oui et c’est ce qui donne un effet de réel et de contemporain.»
Étienne B, écrivain
 
«… Les Américains écrivent beaucoup comme ça et il n’y a pas beaucoup de metteurs en scène qui risquent ça, un texte qui défile à cette vitesse. Frédéric Blanchette en est un. C’est très intéressant et difficile, ce rythme, avec la densité des paroles échangées.»
David Savard, comédien
 
«Par contre, il y a dans la mise en scène un moment qui m’a fait décrocher, c’est quand une d’elles tourne autour de la table, je me suis mise à compter les tours. Il me semble que, comme pour les autres, il y aurait pu y avoir une réplique pour commenter et l’arrêter.»
Camille R, relationniste
 
«C’est parce qu’elle est anorexique qu’elle bouge comme ça.»
Danielle M, retraitée
 
« Au début, j’avais peur que ça m’énerve qu’elles parlent toutes ensemble.  Moi, j’aime jouer des classiques ; quand c’est plus contemporain, la théâtralité prend souvent le dessus. Il faut travailler fort pour placer volontairement le texte et que toutes parlent l’une par-dessus l’autre. J’aurais été curieux de pouvoir assister aux répétitions, pour savoir. Elles sont arrivées avec quoi, qu’est-ce qui a été rajouté. »
David Savard, comédien
 
« Peur que ce soit cru, juste pour impressionner au début. J’ai fini par voir que c’était le naturel de filles qui se lâchent lousse. »
Garwood J-G, courtier immobilier
 
« Très habile de commencer avec cette parole si crue, cela fait qu’on trouve le registre niaiseux, mais en même temps, on sent autre chose avec la fille malade. Tous les portraits des personnages sont bien faits, ils ont  tous une faille. J’ai aimé le texte, par contre, quand
 
j’ai entendu les spectateurs pleurer à la fin, et je me suis dit : ah merde, je ne me suis pas rendue-là, même si les actrices sont fabuleuses. »
Isabel DS, comédienne
 
«Malgré une première partie racoleuse et un texte télévisuel, une fois que les masques tombent, la pièce te rentre dedans.»
Ayana O, comédienne
 
« C’est ce que je viens chercher au théâtre, c’est un peu comme chez Michel Marc Bouchard .Il te fait rire au début puis il t’en sacre une. Je suis toujours impressionné par les gens qui savent  vraiment écrire. »
David Savard, comédien
 
« J’ai été touchée par le texte parce que ça parle de l’ambiguité de la sexualité féminine. Je viens d’un monde de gars, toute cette féminité-là ça m’a échappé. J’ai passé tout à-côté de ça jeune. J’aurais voulu être libérée comme ça. J’ai vécu, jeune, tout ce sous-texte-là dans ma tête. Les voir se parler comme ça, à voix haute, librement; se poser des questions comme : est-ce que j’ai dit oui, ou bien j’ai dit non, qu’est-ce qui est un viol, ou n’en est pas ? Est-ce que c’est malsain de coucher avec son oncle quand on en est amoureuse ou bien c’est trop une vision traditionaliste ? C’est quoi être féministe aujourd’hui ? Et qu’est-ce que la beauté de l’amour ? J’ai envié cette liberté de parole»
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
«Cette pièce est très contemporaine avec cette injonction à changer notre vie, tout sacrer là, pour repartir à zéro. C’est le plus puissant discours social. Sous le couvert d’une crise personnelle, c’est une crise sociale plus liée à l’époque qu’à choix. En Amérique du Nord, les statistiques disent que c’est normal de changer 5 fois d’emploi.»
Étienne B, écrivain
 
«C’est aussi d’avoir du fun à tout prix.»
David Savard, comédien
 
« Il y a 40 ans, ça aurait été cinq fleurs bleues traditionnelles, pour une seule allusion à la sexualité < wild >,  alors que dans la pièce il y a une seule fleur bleue qui défend le mode traditionnel du couple et de l’amour. »
Étienne  B, écrivain
 
« Peut-être aussi que nos réactions sont en rapport avec notre âge. Je me suis reconnue en parlant de sexualité comme ça, je n’ai pas été dérangée même si je ne suis pas de cette génération. Mais la solidarité de cette génération m’inquiète un peu»
Danielle M, retraitée
 
« C’est vraiment une discussion, lâchée lousse et créée par  le contexte de la pièce pour discuter de toutes ces choses. C’est moins des filles qui veulent placoter, c’est plutôt des filles qui lâchent tout. »
Camille R, relationniste
 
« Dans la réalité, on passe de recettes de ketchup, aux soldes de magasin, aux vraies affaires  comme le conflit avec nos mères. C’est comme si le texte, je l’ai presque oublié pour ressentir toutes les émotions des personnages. Comme on ne sait pas la fin, on se demande, si c’est un nouveau départ ou un pacte de suicide.»
Danielle M, retraitée
 
« Si on avait une pièce qui durait 24 heures, on pourrait  mettre des recettes de marmelade, mais il faut faire ressortir ce qui est essentiel pour  un bon show de théâtre. On doit montrer que ces filles-là doivent combler un vide. »
David Savard, comédien
 
« C’est faussement léger et  super habile du point de vue des différents registres. Ça va dans tous les sens de la musique populaire aux citations de Montaigne, ça <popait >de partout.
 
“On cherche le sens de tout ça. On pense au début être dans une pièce d’ados et plus on avance plus on est bien vissé dans la convention théâtrale. Tout est structuré, professionnel. Une tragédie classique avec la mort d’un membre de la communauté devient l’élément rassembleur.”
Étienne B, écrivain
 
“La peur, on cherche à la cacher. Il y a urgence d’avoir peur à tout prix dans cette pièce.
Toute la première partie apparaît comme une sorte de fourre-tout où l’on passe de l’anorexie à l’euthanasie ; mais je me rends compte en en parlant que finalement, cela nous a menés vers la deuxième partie plus émouvante, des gens dans la salle pleuraient.”
Ayana O, comédienne
 
“On ne nous écœure pas avec un seul sujet, car il y a plein de sujets qui devraient nous faire réagir et agir.”
Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
 
“Le défaut, c’est que cela manquait de tendresse. C’est volontairement dur, violent ; mais même quand elles se collaient, ça ne me touchait pas. C’est probablement la mise en scène qui n’a pas laissé assez de place à la tendresse. Par contre, la fin pardonne tout. Si on savait le pourquoi de leur rencontre, on comprendrait beaucoup de choses autrement.”
David Savard, comédien
 
“Comme dit l’adage <on veut pas le savoir on veut le voir>. Leur affection l’une pour l’autre, on ne la sentait pas.”
Étienne B, écrivain
 
“Sauf le baiser, où elle reste là, un très court moment”
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
“…Mais ça reste ambigu”
Ayana O, comédienne
 
“Moi j’apprécie qu’elles se prennent comme elles sont.”
Danielle M, retraitée
 
“…Oui, avec 36 bouteilles !”
Camillle R, relationniste
 
“D’ailleurs, elles ont presque toutes des expériences sexuelles avec beaucoup d’alcool, elles sont souvent saoules”
Étienne B, écrivain
 
“Le début faussement provocant, même si nous, on parle comme ça ; je me suis demandé que cherchent-elles à provoquer ? Les plus vieux ?”
 
“J’ai douté jusqu’à la fin du dénouement, mort de la malade ou suicide collectif. Pas aussi prévisible que d’habitude et ça, j’ai aimé. J’ai vu plus de gens pleurer quand il y a le monologue de celle qui est malade lorsqu’elle parle à toutes.”
Ayana O, comédienne
 
“Je n’ai pas vu venir la mort de la fille au début, sauf que tout le monde avait une peine à porter.”
Camille R, relationniste
 
“Il y a des sous-couches dans chacun des personnages. Elles réussissent à en tuer au moins une en elle.”
David Savard, comédien
 
Les hommes et la pièce
“Comment réagissent les gars devant cette pièce ?”
Ayana O, comédienne
 
“Au début, se pogner comme ça c’est plus féminin.”
David Savard, comédien
 
“…C’est parce qu’on est plus sûr de nos amours entre femmes”
Danielle M, retraitée
 
“Les hommes, ensemble, on se taquine, mais on s’engueule pas comme ça.”
Garwwood J-G, courtier immobilier
 
“Les hommes quand ils se parlent en gang,  ce qu’ils en rapportent à leurs blondes, c’est très différent. Ils nous racontent souvent qu’ils ont vidé leurs sacs et se sont affirmés dans des conflits. Mais ce n’est pas vrai. J’appelle cela des <agrémenteurs>.”
Lucie M, cuisinière dans un pénitencier
 
“Ce type de parole là, ça m’agresse, où on <bitche> l’amie ; j’ai aussi été élevée dans un univers de gars, où l’on ne se <bitche> pas. Je suis portugaise et au Portugal on semble plus libre qu’ici. Pour moi, c’est de la violence de les voir se manger les unes les autres.”
Isabel DC, comédienne
 
“Et bien moi, nous sommes quatre sœurs, et on se parlait comme ça.”
Camille R, relationniste
 
“Toutes les filles ont une sexualité violente dans cette pièce. J’avais envie de leur dire, c’est pas ça la sexualité.”
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
“Je tiens à faire remarquer que la seule présence masculine est caricaturale, est un sans-génie, un impuissant.”
Étienne B, écrivain
 
“…Une pauvre bête traquée.”
Camille R, relationniste
 
“…On [les hommes] est habitué à se faire représenter  comme ça.”
Étienne B, écrivain
 
“Si on a eu peur pour lui, on aurait eu beaucoup plus peur si c’était une fille qui se retrouvait dans la même situation.”Tous d’accord.
Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
 
“…On est sur qu’elles ne le dépèceront pas.”
Étienne B, écrivain
 
“Ce personnage de gars là me fait de la peine. Le côté victime versus bourreau, c’est épeurant. Les filles m’ont fait peur par leur mépris.”
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
 
Les comédiennes
 
“Elles sont toutes bonnes et justes. Les comédiennes, ça coule de source, elles sont excellentes.”
Danielle M, retraitée
 
“Je partage cet avis, mais j’aurais aimé que le personnage de la malade soit plus développé. On ne sait pas qui elle est au juste, c’est quoi son rapport aux autres. Le jeu de toutes demande une énorme générosité. Elles sont très proches de nous et elles ne peuvent pas décrocher. J’ai particulièrement aimé l’alcoolique.”
Isabel DS, comédienne
 
“Elles ne surjouent pas et c’est très difficile de rester naturelles avec un texte comme ça et à ces rythmes-là.”
Étienne B, écrivain
 
“Sauf celle qui a le cancer, je n’y ai pas vraiment cru. Je crois que c’est la mise en scène qui fait qu’elle n’est comme pas vraiment dans la pièce. Et je me suis demandé si ça façon de bouger, ça  ressemblait vraiment  à cette maladie.”
Ayana O, comédienne
 
“…C’est un rôle très ingrat”
Étienne B, écrivain
 
“…Elle met en valeur les autres”
David Savard, comédien
 
“…Elle n’attire pas vraiment la sympathie. Sauf, peut-être, quand elle écoute la chanson de sa mère.”
Nadine F, réalisatrice et scripte
 
“…Mais, c’est la plus humaine.”
Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
 
“Je trouve qu’il manque de rivalité entre elles. Des amies d’enfance qui se retrouvent sans jalousie, c’est pas normal.”
Ayana O, comédienne
 
“…C’est vrai qu’elles sont toutes un peu égales dans leurs façons de se parler. C’est presque tout dit sur le même registre.”
Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
 
“…Les classes sociales sont pas claires, même celle qui est médecin, cela ne paraissait pas. On ne sait pas vraiment ce que font les autres. Ça manque aussi de diversité culturelle, si on veut être de maintenant.
Par contre, la quête de sens, c’est celle de cette génération <trash>”
Isabel DS, comédienne
 
Éclairage
 
“C’est réussi.” Tous
 
“La noirceur au début puis la noirceur à la fin Ça fonctionne.”
Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
 
“C’est réussi, le beau cercle, en nous faisant le même coup avec la lumière, mais en sens inverse.”
Étienne B, écrivain
 
 
 

JE DISPARAIS – En compagnie de Paul Ahmarani #CercleTP

Le mercredi 11 octobre dernier en soirée, Paul Ahmarani accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre Prospero, pour assister à la pièce Je Disparais mit en scène par la fabuleuse Catherine Vidal. La distribution forte talentueuse (Larissa Corriveau, James Hyndman, Marie-France Lambert, Marie-Claude Langlois et Macha Limonchik) et le propos percutant de la pièce n’ont laissé personne indifférent!
Voici une synthèse des commentaires et interventions de nos participants.

 Le sujet, le texte, le sens.

« Ça m’a ramené à mon rêve récurrent de réfugié. Dans ma famille, il y a cette histoire de réfugié. Toute cette question : si je pars quelles sont mes chances de survie, ou vais-je rester avec ceux que j’aime??? »
Pau Ahmarani, comédien
 
« Au début, je m’identifiais à elle [le personnage principal], dans sa maison, son jardin, son confort, ma propre routine. Je cherche pourtant toujours comment aller vers autre chose. Mais plus la pièce avançait, plus ça faisait “non” moi je ne veux pas et dès qu’elle part, je ne voulais plus m’identifier à elle. Ce fut une émotion forte d’empathie. »
Marie-Claude G, enseignante au secondaire
 
« Au début, on se dit comme elle, je suis chanceuse, je ne suis au moins pas une réfugiée. Mais quand elle évoque toutes les vies pas vécues, tous les endroits pas connus ou toutes les personnes pas rencontrées, sans raison ou pour mille raisons sans importance; ça pose la question comment apprécier la vie dans ta vie à toi. Comment on en est rendu à ne même pas aller ailleurs, sortir de sa zone de confort, hors de sa bulle? On ne risque même plus l’ennui, c’est terrible. »
Viviane DK, avocate
 
« Texte incisif, précis, écrit au scalpel avec du sang. Il y a des répliques cruelles. D’actualité. L’histoire avec un grand H et l’histoire personnelle s’y croisent. » TOUS D’ACCORD.
Pau Ahmarani, comédien
 
« À la télé, on voit des horreurs et on se dit que nous sommes chanceux. Mais c’est une illusion de se croire à l’abri. Ça peut nous arriver ici. »
Garwood J-G, courtier immobilier
 
« Tous les personnages avaient 2 choix très difficiles, partir vers l’inconnu ou rester dans un pays en bouleversement, peut-être en guerre. On se demande tout au long qui va survivre »
Lucie L, analyste d’affaires
 
« Ça m’a fait penser à La Peste de Camus, avec une maladie qui ne choisit pas ses victimes et aussi à Aleph présentement comme ville assiégée avec ceux qui restent et ceux qui partent, mais tous confrontée à des changements terribles et pas voulus. Mais dans Camus, il y a une leçon : l’important, c’est connaître et se souvenir. Ici, le passé et l’avenir disparaissent. Comme dans la société actuelle. »
Danielle M, retraitée
« Comme dans la pièce, c’est comme si l’important ce n’était que la dernière phrase. »
Michel P, enseignant
 
« Je trouve très beaux et précieux les liens d’attachement entre les personnages. Ces liens les enracinent dans un ici, maintenant. »
Garwood J-G, courtier immobilier
 
« Ça questionne la force des liens d’attachement. Souvent l’être humain qui change de situation change aussi de personnalité. De même que la perception des autres aussi change, et cela même nous on peut le vivre. Je suis devenue veuve et dès lors je suis devenue une menace pour certaines personnes en couple. »
Raymonde L, artiste peintre
 
« Le texte est à la fois oppressant et parfois ironique. Très bien écrit. La scène du don est un miroir qui frappe. Ça nous ramène à jusqu’à quel point on est impuissant?! »
Lucie L, analyste d’affaires
 
« Dans cette scène on se sent “cheap”, mais en même temps on doit vivre aussi. »
Garwood. J-G, courtier immobilier
 
« Cette pièce ne peut que nous ramener à l’actualité où l’on voit des choses semblables, des gestes du plus bas de l’humanité »
Pau Ahmarani, comédien
 

Les acteurs

«Ils sont tous excellents.» TOUS D’ACCORD.
Céline L.
 
« Marie-France Lambert est tout simplement extraordinaire. »TOUS D’ACCORD
Lucie L, analyste d’affaires
 
« J’aime voir les acteurs jouer, tout le jeu est bon. Et le réalisme fonctionne. Quand Marie-France s’adresse à nous, on se sent concerné. Ils sont tous toujours justes. »
Louise S, travailleuse culturelle
 
« Moi, j’ai aimé la proximité, j’avais vraiment l’impression que le personnage de M-F Lambert s’adressait à moi personnellement. C’est très efficace. » TOUS D’ACCORD.
Marie-Claude G, enseignante au secondaire
 
« Physiquement et moralement se mettre dans ces émotions-là chaque soir cela ne doit pas être facile »
Garwood. J-G, courtier immobilier
 
« Tout le questionnement du père, la culpabilité, le détachement, joués par James, on comprend que dans la situation se sentir coupable ça n’a pas sa place. »
 

Mise en scène, scénographie, éclairage…

« La mise en scène est vraiment efficace. On voit tout, même s’il n’y a rien. Cela fait vraiment appel à notre imaginaire »
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
« Le choix d’éclairage est très bien fait. Le moment où tout est rouge, c’est terrible. »
Marie-Claude G, enseignante au secondaire
 
« La mise en scène fait en sorte qu’on est impliqué, on fait même partie de la file qui attend pour les toilettes. »
Michel P enseignant
 
« Le fait qu’il n’y a pas de mur, c’est beaucoup mieux. On fait le lieu nous même. »
Viviane DK, avocate
 
« … Ça nous aurait même gêné des murs, tout au long avec ce que ça raconte. »
Marie-Thérèse Fortin, comédienne
 
« L’éclairage délimite aussi des espaces qu’on imagine très bien »
Michel P enseignant
 
« Et l’éclairage fait par exemple que tout à coup il y a tout un mur de lumière et on est à la plage »
 
« Le noir total est aussi très efficace, sauf une seule fois où cela dure un peu trop longtemps et on décroche. »
Marie-Claude G, enseignante au secondaire
 
« La bande sonore également est très réussie »
Danielle M, retraitée
 

LES BÂTISSEURS D’EMPIRE OU LE SCHMÜRZ – En compagnie de Luc Bourgeois #CercleTP

Samedi le 7 octobre dernier en après-midi, Luc Bourgeois accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre Denise-Pelletier, pour assister à la pièce Les Bâtisseurs d’Empire ou le Schmürz un texte de Boris Vian mit en scène par le talentueux Miche-Maxime Legault. Les performances des acteurs du spectacle (Olivier Aubin, Josée Deschênes, Marie-Pier Labrecque, Gabriel Sabourin, Sasha Samar et Marie-Ève Trudel) ont conquis les participants du cercle!
On vous présente une synthèse des commentaires et interventions de nos participants.

Le sujet, le texte, le sens.

« L’absurdité est toujours de mise au théâtre. C’est très pertinent. »
Carolle R, retraitée
 
« C’est hyper puissant, et cela vient d’une époque où on abordait beaucoup l’absurde au théâtre. On n’est pas loin de la fatalité, mais Vian aborde cela avec dérision. Avec le côté comique, il y a une façon bien à lui de nous rentrer quand même dedans. »
Luc Bourgeois, comédien
 
« … Ça nous fait faire han han!!! »
JoAnne G, intervenante physique
 
« Ce qui est intéressant, entre autres, c’est que souvent les jeunes voient leur avenir et les vieux sont tournés vers leur passé; et là, c’est l’inverse. »
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
« C’est vrai que l’on montre souvent que ce sont les jeunes qui se disent le centre du monde, mais là c’est le père. Boris Vian est vraiment un auteur de génie, qui a pressenti bien des choses, toujours actuelles. »
Luc Bourgeois, comédien
 
« La pièce questionne la perception de la vie selon notre génération, ce que l’on croit juste, bon, essentielle et le statut social. J’ai beaucoup aimé comment la pièce aborde ces sujets. »
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
« Le dialogue intergénérationnel et l’incompréhension. Ça me rappelle aussi l’holocauste. Et ne pas parler des vraies choses, l’évitement »
Anca M, technicienne administrative
 
« C’est une pièce sur la déconstruction. Tout le monde frappe sur sa conscience. »
Martin M, dessinateur concepteur mécanique
 
« La fuite qui arrive toujours à l’impasse.  »
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Même dans la vie on s’en va tous vers le néant, la mort»
Danielle M, retraitée
 
«Ils vivent dans un monde de mensonge, comme s’il n’y avait pas de passé.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«… ou, ils ne veulent pas s’en souvenir?! Préférant dire n’importe quoi pour ne pas dire les vraies choses»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
«… mais on fait ça souvent, tous, dans notre vie.»
Danièle M, retraitée
 
«… même leur langage est vide.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Tout au long, il y a de gros interdits qui nous mettent mal à l’aise. C’est vraiment bien construit.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Tout ce qui n’est pas dit dans la pièce, c’est vraiment intéressant; car on en fait ce qu’on veut. Par exemple, même la mère quand le voisin lui touche le bras, elle est froide et la réaction du voisin est forte»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
« Chaque fois, ils fuient en montant vers le haut. Mais cela demeure leur choix.»
JoAnne G, intervenante physique
 
«Et plus ils montent plus, plus le père devient seul. Plus ça va, plus tu n’as pas le choix de voir, de te voir.»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 

Les personnages, les acteurs et la mise en scène

«Tous les acteurs sont vraiment excellents.»
Tous
 
« Tous des personnages très particuliers, qui aurait pu ne pas être crédibles, mais on y croit.
  C’est d’autant plus difficile, qu’il n’y a pas de logique apparente»
Carolle R, retraitée
 
«… De plus, ils n’ont vraiment rien pour se raccrocher l’un l’autre. Ce n’est pas loufoque. Ça aurait été facile, mais ils ont évité d’être caricaturaux même si tout est là pour grossir l’effet : costume, décor…»
Anne R, bibliothécaire
 
«Il y a d’ailleurs, un peu comme dans Molière, un personnage sans grande éducation qui a des répliques qui nous ramènent sur terre»
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
«C’est d’ailleurs le rôle de Cruche, qui est magnifiquement joué par Marie-Éve Trudel, que je n’ai absolument pas reconnu même si je l’ai vue jouée dans Harold et Maude. Ce qui prouve qu’elle est excellente.» Tous approuvent.
JoAnne G, intervenante physique
 
« Le texte est très difficile à apprendre surement, mais le livrer avec ce talent-là, entre autres avec de l’imparfait du subjonctif sans être ridicule, faut le faire!»
Danielle M, retraitée
 
«La mère est très bonne, et particulièrement quand elle sacrifie la jeunesse soit ce qui est incertain au profit du père, c’est à dire, ce que l’on sait. L’analogie est très forte avec cette société qui préfère sa petite tranquillité aux risques comme l’appui aux artistes
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
«… Le choix toujours actuel de la présupposée utilité prouvée.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«… Le choix du père plutôt que la fille, ça toujours été. Les jeunes ont toujours été la chair à canon.»
Danielle M, retraitée
 
«Sasha Samar, on a mal pour lui. J’étais fasciné par son jeu corporel. C’était captivant. Et quand il commence à enlever son bandage, tu te dis, ça va péter!» Tous d’accord.
Martin M, dessinateur concepteur mécanique
 
«… Quand il commence à se relever, tu fais “yes”!»
JoAnne G, intervenante physique
 
«C’est le genre de rôle qui semble facile, mais qui est très exigent, pas de parole, mais tout vient du corps. Partir de l’écrasant vers le moment où il se relève, cela doit être parfaitement dosé et lié. Il est vraiment excellent»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Moi, c’est le moment de l’orange où j’ai eu comme un pincement. Ça été me chercher.»
JoAnne G, intervenante physique
 
« La forme n’est pas évidente pour les acteurs, il fallait qu’ils acceptent tous d’aller dans le sens de Vian et de la vision du jeune metteur en scène. C’est très réussi. On sent que la ligne est claire pour tous.»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Pourquoi ce nom : LE SCHMÜRZ?»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Cela vient d’un mot allemand, un dérivé de souffre-douleur, je crois.»
 
«Comme le nom de la fille, je crois que cela veut dire vie étrangère
JoAnne G, intervenante physique
 

Le décor, la scénographie, les costumes, le maquillage, les accessoires, la mise en scène

 
«On sent le vide, avec cette plate forme qui nous fait penser à un radeau où on jette des choses à la mer dont on ne voit pas le fond.»
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
«Le noir absolu en bas, on lance dans le vide et on entend pas la fin de la chute.»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Les maquillages exagérés, les costumes, ça fonctionnent.»
Anne R, bibliothécaire
 
«Le côté burlesque, cela ne rend pas ça drabe»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
«Ça opère, tout est enligné dans la même direction. L’effet comique qui pourtant énonce des énormités et qui en même temps frappe. C’est là le génie artistique de Vian, une supra conscience.»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Mais c’est jamais lourd»
Anne R, bibliothécaire
 
«Les accessoires, les costumes, le décor, le jeu tout le monde est au même endroit. Un travail remarquable de compréhension et de direction du jeune metteur en scène» Tous d’accord
Luc Bourgeois, comédien
 
«C’est super efficace, ce côté hallucinatoire. La spirale, tu peux t’y perdre. Tu peux aller dans diverses directions.»
Danièle M, retraitée
 
«L’effet des murs qui rapetissent, des portes qui tout à coup ne sont plus là, les oranges qui ressortent… On sent l’étouffement.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Tout est très bien fait avec une économie de moyens»
Danièle M, retraitée
 
«La mise en scène m’a rappelé les mises en scène de Paul Buissonneau. C’est étonnant pour un jeune metteur en scène.»
Carolle R, retraitée
 
«Tous les accessoires servent à des analogies. Même les ballons que la jeune lance dans le vide, c’est comme des bombes, et elle ne sait pas où les lancer pour provoquer le changement»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 

Conclusion

Tous ont adoré la pièce et tous les aspects : jeu, mise en scène, scénographie, texte…
 
«J’en aurais pris encore. Je vais en parler en arrivant avec mes grands enfants et les envoyer voir la pièce. J’ai hâte de savoir ce qu’ils m’en diront.»
JoAnne G, intervenante physique
 
«On va rester avec beaucoup de choses de cette pièce, ça touche toutes sortes d’aspects de nos vies»
Martin M, dessinateur concepteur mécanique
 
«Ça montre que l’on est encore dans la même dynamique que lorsque cela a été écrit en 58 où la bombe atomique était une menace, la société qui s’effritait; si tu ne montes pas assez vite, tu seras détruit; on ne regarde pas les bobos, on se préoccupe seulement des objets. C’est le génie de Vian et la réussite de ce jeune metteur en scène, de rendre cela avec l’absurde, si actuel»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«J’aime particulièrement quand une pièce nous laisse plein d’interrogations, comme celle-ci; c’est pour cela que je viens au théâtre. C’est très réussi.» Tous d’accord.
Anne R, bibliothécaire
 

QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? – en compagnie de Monique Spaziani #CercleTP

Mercredi 17 mai, Monique Spaziani accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre du Rideau vert, pour assister à Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?, interprété entre autres par Remy Girard et Micheline Bernard.
On vous présente une synthèse des commentaires et interventions de nos participants.
Les commentaires suivants sont partagés entre tous les participants. La conversation à la fin de la soirée fut plus courte en raison de l’heure tardive. 5 participants ont vu le film à l’origine de l’adaptation.
La soirée fut très agréable ! Il nous restait des billets, nous aurions dû en offrir aux policiers qui défilaient devant le théâtre. Tout le monde a eu un peu la même idée en même temps : cultivons notre police.
Cette pièce fait un boulot nécessaire : un « théâtre d’été » non politically correct. Dans le public, les stéréotypes tracés à grands coups font rire autant les gens d’origine québécoise que les gens visiblement nés ailleurs. Le boubou est aussi ridicule que la chemise de bucheron et la ceinture flèchée.
Ce sont les duels entre personnages qui sont les plus efficaces » Ces duels sont essentiels à la construction de la « meute ». L’adaptation du scénario original choisit ses combats : il faut commencer à rire des stéréotypes culturels, en commençant par les nôtres. Les pièces où on a ri des différences de classes sociales ou de tensions féministes sont nombreuses. Mais l’autodérision va-t-elle assez loin ? Le Québec est tellement multiple; on aurait pu compléter la liste de clichés ou d’archétypes par des personnages plus contemporains, mais la collection (incarnée par un seul comédien) serait peut-être trop ambitieuse.
Le public a paru « soulagé » de pouvoir rire des vaches sacrées de la culture québécoise contemporaine, en fait de leur détournement par un imbécile. Bravo ! Un spectacle encore fragile, dont la scénographie conçue pour la tournée est efficace mais ambigüe, et qui devrait permettre aux acteurs de s’éclater et de s’amuser ferme en tournée.
Chaque participant à la discussion a une histoire personnelle directement reliée au sujet, et les discussions se sont rapidement transformées en partage d’anecdotes pas du tout banales; tous sont curieux de l’histoire des autres. Fascinant de constater à quel point ce ne sont pas sur les questions de fond des différences religieuses que les irritants sont mis au jour, mais bien sur des questions –encore- d’accommodement.
Une soirée toute simple, en très agréable compagnie.

NON FINITO – Un samedi au #CercleTP en compagnie de Jean Maheux

Ce samedi 22 avril, à 15 h, Jean Maheux accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs aux Écuries, pour assister à Non Finito, interprété par Claudine Robillard.
La pièce, le texte, le sens
« Les projets qu’on élabore, parlent des besoins que l’on porte en soi. Un peu comme celui qui veut être une rock star, c’est le besoin de vivre intensément. » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« C’est réaliste, c’est le quotidien, des évidences, on dirait parfois un documentaire » JA Gamache, intervenante physique
« Le texte, nous n‘avons pas de distance, nous sommes inclus. » Jean Maheux, comédien
« Quand ce n’est pas terminé, est-ce un échec ? Moi ça m’a beaucoup parlé et ça m’aide à comprendre que finalement ce n’est pas grave si on ne va pas au bout d’un projet. Surtout si le cœur n’y est plus. Il faut arrêter l’obligation due à la raison. Finalement c’est moi seule qui ai le choix. C’est plus efficace que ma thérapie. » JA Gamache, intervenante physique
« Les projets non-finis, cela ne dépend pas juste de nous. Souvent, ce sont les circonstances qui décident pour nous. » C. Rochefort, retraitée
« On a tous des projets non finis et des rêves qui paraissent inatteignables ou un peu fous. Comme moi qui, un peu comme celui qui veut être une rock star, rêve, de me retrouver sur une scène et juste dire : «Bonsoir Montréal ! » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Pourquoi faut-il avoir des projets précis plutôt que laisser émerger ce qui peut venir du cœur. Parfois parce qu’on a investi beaucoup dans un projet on continue même si le cœur n’y est plus. » N. Lemire, consultante
« Une question qui m’a intéressée: est-ce qu’on peut laisser des projets qui peuvent être continués par d’autres ? » JA Gamache, intervenante physique
« Bien, il y a plein de parents qui font ça avec leurs enfants, les forçant à réaliser leurs propres rêves…» G Jean-Gilles, courtier immobilier
«… Et la cela devient une charge pour les enfants » N. Lemire, consultante
« Tout le discours se situe dans une sphère un peu philosophique, je n’en recevais pas toujours le sens. Lors de la liste de choses pas accomplies, j’ai eu un drôle de sentiment. Toutes ces choses là, pas terminées, sauf la pertinence du spectacle, ça laisse une sorte d’inconfort » Jean Maheux, comédien
« Je n’arrive pas à placer cette pièce dans une catégorie. J’aurais eu besoin de me faire mettre sur une voie. Il me manque un morceau de viande. Quelque chose de consistant. » M. Miville, dessinateur concepteur mécanique
« C’est vrai que ce n’est pas clair à la fin, il manque quelque chose. Moi, j’aime bien l’exercice de me demander comment j’aurais fini cela. D’ailleurs c’est surement ce que je vais faire dans l’auto en retournant chez moi. » N. Lemire, consultante
« Moi, ça m’a laissé dans le fossé. Au début je me demandais où nous nous en allions, mais c’était intéressant puis vers la fin, quelque chose manque, ce qui fait qu’on ne voit pas le sens. C’est un peu comme le personnage du comédien dont on entend plus parler, qu’on abandonne dans le désert, un peu comme nous sommes abandonnés, nous. » M. Miville, dessinateur concepteur mécanique
« Parfois des choses, des impressions, quelque chose s’est imprimé et qui résonne en moi, qui reviendra plus tard. »
Jean Maheux, comédien.
« Moi, je n’ai pas été déroutée. J’ai transposé ça dans ma vie. J’ai vu tout au long, mes projets non finis. » N. Lemire, consultante
« Moi, j’aime qu’on se questionne tout au long. » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Je trouve la question intéressante, mais cela n’a pas fait avancer ma réflexion. » M. Miville, dessinateur concepteur mécanique
« Le théâtre qui donne des solutions, c’est moins intéressant » Jean Maheux, comédien
« Elle [l’auteure] est à l’aise avec ça. Elle a fait le deuil de son projet en enterrant le tout. Comme une sorte de vide pour permettre qu’un nouveau projet émerge » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Je trouve que le théâtre est trop perçu comme du divertissement. C’est aussi quelque chose qui te travaille par en dedans et moi je pense que oui c’est du divertissement mais c’est bien plus que ça. J’ai beaucoup aimé. » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Le théâtre, nous donne la chance d’être à la fois ensemble, tout en recevant la pièce chacun avec sa personnalité. Il nous redonne notre identité pas notre individualisme. On n’est plus tout seul avec la question qui s’adresse à beaucoup de gens. » Jean Maheux, comédien.
« Peut-être qu’il y a une question de génération dans la façon de réagir. Certains se cherchent plus à l’intérieur d’eux-mêmes et sont moins ouverts aux autres. J’imagine que dépasser ce stade là, ça doit être plus fatiguant à accepter ce genre de façon de faire » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Toute l’histoire des iraniens m’a questionnée. Parce que, eux, des projets non finito, ils vont en avoir beaucoup avec les difficultés qu’ils vont connaître ici. On est touché par leur histoire mais je ne crois pas la fille qui désire de gagner 500,000$ afin d’être libre » C. Rochefort, retraitée
« Moi, cela m’a mis un peu mal à l’aise que l’on s’approprie les difficultés des iraniens. On est loin de cette souffrance » Jean Maheux, comédien
« Moi, comme haïtien, j’ai de la difficulté avec quantifier ce qui est dur ou pas dur à vivre. Les québécois sont durs avec eux-mêmes face à ce qui se passe ailleurs. La souffrance c’est difficilement quantifiable. » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Toute la scénographie, est très intéressante. Le passage d’une dimension à 2 dimensions à 3… » Jean Maheux, comédien.
« Moi j’ai aimé ça et j’ai tout vu ce qui n’était pas là, comme la maison, les frigos, par exemple. C’est peut-être parce que je lis beaucoup de romans. La poudre rose c’était magique. » A. Jean-Gilles 8 ans.
« La mise en scène aussi est surprenante. La façon que les choses bougent, la table à titre d’exemple. La façon qu’a chacun d’entrer en scène… C’est travaillé au quart de tour. » Jean Maheux, comédien
« Le jeu. Les acteurs jouent sans avoir l’air de jouer. Ça c’est très réussi. » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« On marche avec l’agente immobilière, tout au long de la visite de la maison… » Jean Maheux, comédien.
« Lui, quand il met sa cravate, c’est comme pour montrer qu’il est devenu ce prestigieux architecte » G Jean-Gilles, courtier immobilier
« Le jeu, ici, c’est de déconstruire le jeu. » Jean Maheux, comédien