LA QUEENS
Le quatrième rendez-vous du Cercle des Tigres Penseurs de la saison 2018-19
a eu lieu le samedi 2 février au Théâtre La Licorne.
Accompagnés de l’actrice Céline Bonnier,
les participants ont assisté à la pièce LA QUEENS’
un texte de Jean-Marc Dalpé dans une mise en scène de Fernand Rainville.
Voici quelques-uns de leurs commentaires.
Sur le sujet:
Tou·te·s trouvent le sujet très intéressant.
« La difficulté de vivre en région éloignée dans un monde trop petit pour certains,
ça peut être étouffant. Cela entraîne le désespoir qui tue les ambitions.
Ici, le sujet est très bien traité. »
— N. Tremblay, réalisatrice retraitée
« Malgré que le fait que le nord n’est pas si loin d’ici,
on oublie souvent les enjeux auxquels font face ceux qui y vivent. »
— A. Miasnikof, producteur
« Ça m’a fait drôle, d’ailleurs, de me faire appeler « gens du sud. »
Les relations familiales complexes, les complots, les alliances…
Tout y est dans cette pièce. »
— J. Lefebvre, marketing événementiel
« Les liens familiaux ne sont pas toujours faciles.
Les confrontations font ressortir les émotions.
On ne choisit pas notre famille. »
— V. Gingras, designer d’intérieur
« Les amis, ont les choisit, la famille on se la farcit. »
— L. Miville, cuisinière
« Le discours final de Marie-Élizabeth
et toute cette scène où elle fait son show… ça m’a beaucoup touchée. »
— L. Kabiljo, candidate au doctorat, chargée de cours, éducation par les arts
« On peut comprendre beaucoup de choses dans cette pièce.
En plus des relations familiales et filiales pas toujours simples,
il y a les petites villes sous respirateurs artificiels.
On peut aussi penser à la survie du français en général. »
— D. Brouillette, retraitée
« Les réponses différentes des deux sœurs face à leur passé
sont très intéressantes. »
— C. Desjardins, avocate
« La plus vieille fuit une réalité qui, un jour, finit par la rattraper. »
— L. Miville, cuisinière
« Ce qui est remarquable,
c’est que les deux sœurs sont tout à fait opposées l’une de l’autre
et que cela se traduit même dans le langage.
Sophie a un parler local et l’autre une langue très châtiée.
Et tout à coup, chez cette dernière, la langue du coin revient avec force.
Le succès du spectacle repose beaucoup sur la force du texte. »
— Jean-François. B.
« Comme on le dit dans la pièce : les racines sont importantes,
mais on a aussi des jambes pour aller ailleurs.
C’est ce qui a mené l’aînée à la beauté.
Qu’est-ce qui est le plus important ?
Avoir des racines
ou détenir la possibilité d’aller explorer ailleurs ?
Les deux, je pense. »
— Céline Bonnier, comédienne
« J’ai été bouleversée par la dureté et la douleur de ces gens.
Ils ont pour ancêtres des gens qui se sont d’abord sauvés
de situations désastreuses, ailleurs, autrefois.
Ce qui s’offre comme horizon aux enfants demeure une douleur,
même pour celle qui est partie. Quant à celle qui est restée,
si elle perd son motel, elle n’a plus aucun endroit où aller.
Cet aspect m’a vraiment chavirée. »
— N. Tremblay, réalisatrice retraitée
« Les deux sœurs ont des reproches à se faire.
Chacune refuse d’accepter la réalité de l’autre. »
— V. Gingras designer d’intérieur
« Le malheur, c’est que cela se répercute sur la jeune fille. »
— N. Tremblay, réalisatrice retraitée
« La fille n’a pas à faire les choix de sa mère ni de sa tante.
Elle vit une autre réalité. Elle est tourmentée entre les deux.
Et elle a de la misère à faire un choix, on la comprend bien.
Surtout avec une mère aussi marâtre…
Selon moi, c’est elle qui l’a poussée à devenir toxicomane. »
— H. White, avocat
« La mère fuit autant son village que son enfance et son rôle de mère.
Elle a un vide émotionnel. »
— A. Miasnikof, producteur
« Elle n’a plus d’émotion.
Aussi, elle vit toujours dans des lieux anonymes comme les hôtels. »
— C. Desjardins, avocate
« Elle s’est déracinée, elle flotte.
Tandis que Sophie a des racines qui remontent jusqu’au grand-père. »
— Céline Bonnier, comédienne
« La trahison du mari,
est-ce sa façon à lui d’avoir une meilleure vie ?
Une chance de faire autre chose ? Même de la protéger ? »
— C. Desjardins, avocate
« Moussa, étant déraciné, peut peser le pour et le contre.
Il n’a pas besoin de sauver le legs des générations précédentes.
Le fait que ce personnage ne soit pas dans l’émotion est intéressant. »
— A. Miasnikof, producteur
Sur l’interprétation :
Tou·te·s s’accordent pour souligner l’excellent jeu des interprètes.
« L’interprétation de Dominique Quesnel est spectaculaire. »
— N. Tremblay, réalisatrice retraitée
« L’interprétation de Marie-Thérèse Fortin donne des frissons,
d’autant plus que son personnage n’a pas de lien émotionnel avec personne. »
— C. Desjardins, avocate
« Elles sont parfaites dans leur personnage.
David Boutin a un rôle très important et il est excellent. »
— H White, avocat
« David est un excellent acteur.
Il parle même avec la roche du nord dans la bouche,
une voix grenailleuse, rude. »
— Céline Bonnier, comédienne
« En voyant les acteurs en personne au théâtre,
on découvre qu’ils ont encore beaucoup plus de talent qu’à la télé. »
— L. Miville, cuisinière
« J’aime le fait que l’espace-temps est totalement autre sur scène.
On est ailleurs, et on va dans des zones intérieures inconnues et surprenantes.
La scène, c’est souvent un espace où l’être humain est plus transparent
que dans la vraie vie. C’est très exigeant. »
— Céline Bonnier, comédienne
« L’une des différences, c’est le vertige des acteurs.
Il ne faut pas qu’ils se trompent.
L’angoisse du trou de mémoire doit être là. »
— C. Desjardins, avocate
« Je considère que le travail d’acteur, c’est comme un muscle
que tu réchauffes en fonction de chaque personnage.
Toutes les pièces sont stressantes et fascinantes.
Tu n’es jamais sûr de rien.
D’ailleurs, est-on sûr de quelque chose dans la vie ? »
— Céline Bonnier, comédienne
Une courte rencontre avec Jean-Marc Dalpé, l’auteur de la pièce
« On sent votre connaissance des milieux éloignés. »
— N. Tremblay, réalisatrice retraitée
« Toute la dialectique entre le centre et la périphérie,
tout comme le destin de ces gens-là, m’intéresse.
Je voudrais constater une relation saine entre les régions et les centres.
Il faut que ça circule, un poumon doit respirer.
Mais en réalité, ce sont des batailles. »
— Jean-Marc Dalpé, auteur
« Je remarque le choix de placer un immigrant dans la pièce. »
— D. Brouillette, retraitée
« C’est une réalité très dynamique dans certaines régions.
La culture africaine, par exemple, est très importante à Saint-Boniface.
Même chose à Sudbury, où il y a des immigrants d’Europe :
allemands, italiens, serbo-croates… »
— Jean-Marc Dalpé, auteur
« L’installation de la mine, dans la pièce,
est-ce qu’au fond de vous, cela symbolise l’espoir ? »
— C. Desjardins, avocate
« Je ne sais pas trop ce que sera l’exploitation du fameux plan nord ;
mais je sais que si on ne s’en occupe pas,
ils vont s’en occuper eux-mêmes, les grands exploitants.
Je veux faire une mise en garde :
si on continue juste à se chicaner entre nous,
ils vont prendre possession de l’agenda.
Il y a plusieurs couches dans ma pièce :
la situation familiale, la situation canadienne,
et peut-être, je l’espère, la situation l’internationale. »
— Jean-Marc Dalpé, auteur
Au sujet des critiques :
La plupart des participant·e·s trouvent les critiques négatives injustifiées
« Je ne sais pas pourquoi, je ne viens pas plus souvent au théâtre.
Au cinéma, la bande-annonce nous permet de savoir si cela nous intéresse.
Pour le théâtre, on n’a que les critiques pour s’informer et décider.
Si ce n’avait pas été du Cercle, je ne serais pas venue. »
— J. Lefebvre, marketing événementiel
« Ça fait longtemps que je veux m’intéresser au théâtre.
Ce serait bien si les critiques, plutôt que de donner leur opinion,
nous instruisaient sur des faits relatifs à la pièce,
comme la démarche, l’historique, les acteurs… »
— V. Gingras, designer d’intérieur
« Pour avoir été membre du Conseil d’administration d’un théâtre,
je peux vous affirmer que les critiques sont fondamentales
et influencent beaucoup la fréquentation du public, et cela dès le début. »
— H. White, avocat
« Cela fait longtemps que je trouve que plusieurs critiques sont à côté de la plaque.
Heureusement, je vais au théâtre quand même. »
— C. Desjardins, avocate
* crédit photo: Suzanne O’Neill